La théorie polyvagale

Le système nerveux a développé trois modes de réponses pour vivre dans notre environnement.

  • Le mode ventral de l’engagement et du lien social, lorsqu’il se sent en sécurité
  • Le mode sympathique de la mobilisation, pour répondre à un danger
  • Le mode dorsal de l’extinction ou de l’effondrement, quand il semble impossible d’échapper au danger. Dans chaque mode, nous réagissons de façon différente.
Théorie polyyvagale

Le système nerveux parasympathique

L’activation du système nerveux parasympathique est divisé en deux branches distinctes :

Un système vagal ventral : Il correspond à une réponse de relaxation. Quand nous sommes solidement installés dans notre voie vagale ventrale (propre aux mammifères), nous nous sentons en lien et en sécurité, calmes et sociables. Il induit un ralentissement général des fonctions de l’organisme afin de conserver l’énergie. Le rythme cardiaque et l’activité respiratoire sont ralentis et la tension artérielle diminuée. A l’inverse, la fonction digestive et l’appétit sexuel sont favorisés. Ce système est associé à l’activité de l’acétylcholine sur lequel agissent notamment les médicaments anticholinergiques.

Un système vagal dorsal : il prend en charge les comportements d’inhibition et d’immobilisation en réponse à un menace de mort . Une sensation de danger peut déclencher notre sortie de cet état et nous renvoyer dans l’histoire de notre évolution, dans la branche sympathique (dont les racines viennent des poissons). Nous sommes alors mobilisés pour réagir et prendre les mesures nécessaires. Agir face au danger peut nous permettre de retourner à l’état de sécurité et de lien social. C’est lorsque nous nous sentons piégés et incapables d’échapper au danger que la voie vagale dorsale nous ramène jusqu’au tout début de notre évolution, au stade reptilien. Dans cet état, nous sommes figés et immobilisés. Nous nous éteignons pour survivre. De là, la route à parcourir pour se sentir à nouveau en sécurité et en lien est longue et douloureuse.

Le système nerveux sympathique

L’activation du système nerveux sympathique prépare l’organisme à l’action. En réponse à un stress, il orchestre la réponse dite de combat ou de fuite (« fight or flight ») qui entraîne une dilatation des bronches, une accélération de l’activité cardiaque et respiratoire, une augmentation de la tension artérielle, une dilatation des pupilles, une augmentation de la transpiration, une diminution de l’activité digestive… Ce système est associé à l’activité de deux neurotransmetteurs: la noradrénaline et l’adrénaline.

Nous avons trois mécanismes de survie ou de protection face à un danger :

1. Le combat : (mobilisation : système nerveux sympathique)

2. La fuite (ou évitement) (mobilisation : système nerveux sympatrique)

3. Le figement ( immobilisation : système nerveux parasympathique)

Anatomie du système nerveux autonome

Le système nerveux autonome est la partie du cerveau qui est lié aux organes internes, y compris les vaisseaux sanguins, l’estomac, les intestins, le foie, les reins, la vessie, les organes génitaux, les poumons, les pupilles, le cœur, ainsi que les glandes sudoripares salivaires et digestives.

Il est divisé en deux parties : sympathique et parasympathique.

Apres que le système autonome a reçu des informations au sujet du corps et de l’environnement externe, il répond en stimulant des processus physiologiques, en général par le système sympathique ou en les inhibant par le système parasympathique.

Le système nerveux parasympathique

Les mécanismes d’adaptation du système sympathique et les répercutions physiologiques

Faire face à une situation stressante est une réaction normale pour notre survie. Cette réponse adaptative et instantanée dure quelques minutes à quelques heures le temps de gérer ou éviter un événement nuisible. C’est lorsque la période de stress se prolonge que le stress devient néfaste. Plus la période de stress se prolonge et plus elle est préjudiciable pour l’organisme.

Ainsi, il existe 3 phases dans les mécanismes d’adaptation en fonction de la durée de l’exposition au stress :

› 1ère phase : l’alarme

La phase d’alarme est la réponse instantanée à n’importe quelle situation de stress (physique ou psychique), avec ses modifications physiologiques adaptatives et bénignes…Le système nerveux soumis à un événement stressant provoque la libération d’hormones ; adrénaline et noradrénaline pour nous préparer à gérer au mieux et au plus vite la situation (fuir ou combattre). Cette activation est responsable d’effets stimulants cardio-vasculaires : augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, tensions musculaires entre autres, réactions connues de tous face à un danger potentiel. Une fois la menace écartée, les systèmes de régulation entrent en jeu permettant ainsi le retour à l’équilibre et tout rentre dans l’ordre au bout de quelques minutes.

› 2nde phase : la résistance

Toutefois si l’exposition au stress se prolonge, l’organisme entre dans la deuxième phase, appelée phase de résistance, et c’est à ce moment-là que le stress peut devenir nuisible.Au cours de la phase de résistance la mobilisation des énergies de l’ensemble du corps est nécessaire et c’est le système hormonal qui prend la relève avec la sécrétion de cortisol, la fameuse hormone du stress. La durée de cette phase est fonction de l’intensité et de la durée de l’exposition à l’agent stressant et des capacités d’adaptation de l’organisme. Cette libération de cortisol est d’ailleurs à l’origine d’une détresse émotionnelle, s’exprimant au travers différents symptômes, en fonction des individus…

Voici les symptômes possibles de la phase de résistance :

  • Anxiété : peur, inquiétude, malaise intérieur

  • Tensions : tétanie, tensions et spasmes musculaires (évocateurs d’une carence en magnésium), tension dans les mâchoires

  • Hypervigilance : difficultés de concentration, troubles de la mémoire, perte de motivation, troubles de l’endormissement, réveils nocturnes, réveil trop tôt…

  • Angoisse : fatigue, palpitations, oppression, troubles digestifs

› 3ème phase : l’épuisement

Si le stress persiste plusieurs mois, on parle alors de stress répétés ou de stress chronique. L’organisme ne peut plus faire face. Cela entraîne une dépense énergétique importante et durable des ressources de l’individu le mettant dans un état de « survie ». C’est la bascule dans la troisième phase qui est la phase d’épuisement. Cette phase engendre des faiblesses dans les capacités adaptatives de l’individu face au stress :

  • D’un côté, l’organisme ne peut plus répondre de façon adaptée, la production des hormones diminue ainsi que la résistance physique.
  • De l’autre, ce sont toutes les réponses physiologiques perturbées qui viennent s’ajouter, ce qui a pour effet d’amplifier l’effet du stress négatif sur l’individu

Les symptômes possibles de la phase d’épuisement

A l’extrême le stress provoque l’apparition de pathologies graves : maladies cardio-vasculaires, ulcères, colites, diabètes, certaines formes d’asthme, eczéma, fibromyalgies, inhibitions des mécanismes de la croissance (vieillissement accéléré) et de la reproduction (stérilité), certains cancers, des dépressions qui peuvent aller jusqu’au burn-out et à l’acte suicidaire.

Les principaux neuromédiateurs

Les molécules secrétées au sein du cerveau agissent sur la vigilance, le souvenir, le sentiment de bien-être ou le stress : ce sont les neurotransmetteurs. Les neurotransmetteurs suivants sont les plus importants du cerveau. Ils sont le plus souvent la cible des molécules naturelles (nutrition) ou de synthèse (médicaments).

L’adrénaline : le stresseur

L’adrénaline active la réponse de l’organisme à un stimuli, et en général au stress. Elle agit sur le système nerveux sympathique et peut augmenter le pouls, la pression sanguine, améliorer la mémoire, diminuer la réflexion, augmenter la force de contraction musculaire, accroître le flux sanguin et la capacité respiratoire (par relâchement des muscles lisses), dilater les pupilles et faire se dresser poils et cheveux.

L’adrénaline prépare l’organisme à une réaction du type « fuir» ou «faire face».

L’acétylcholine : le mémorisateur – la créativité

L’acétylcholine est le seul neurotransmetteur majeur qui n’est pas fabriqué à partir d’un acide aminé (constituant des protéines). Il est synthétisé à partir d’une substance de l’alimentation, la choline, et de la forme active de l’acide pantothénique (vitamine B5). L’acétylcholine est un neurotransmetteur « à tout faire » qui intervient dans le contrôle des mouvements, y compris le pouls, ainsi qu’une multitude de fonctions physiologiques. C’est aussi le messager chimique de la mémoire.

L’acétylcholine commande la capacité à retenir une information, la stocker et la retrouver au moment nécessaire. Lorsque le système qui utilise l’acétylcholine est perturbé apparaissent des troubles de la mémoire, de l’apprentissage voire dans les cas extrêmes des formes de démence sénile.

La dopamine : le moteur – l’énergie

La dopamine est un neurotransmetteur synthétisé par certaines cellules nerveuses à partir de la tyrosine, un acide aminé (constituant des protéines de l’alimentation).

La dopamine crée un terrain favorable à la recherche de plaisir ou d’émotions, à l’état d’alerte, au désir sexuel. À l’inverse, lorsque la synthèse ou la libération de dopamine est perturbée, on peut voir apparaître démotivation, voire dépression.

La noradrénaline : la carotte et le bâton

La noradrénaline est synthétisée par certains neurones à partir du même acide aminé qui sert à fabriquer la dopamine.

La noradrénaline semble créer un terrain favorable à l’éveil, l’apprentissage, la sociabilité, la sensibilité aux signaux émotionnels, le désir sexuel. À l’inverse, lorsque la synthèse ou la libération de noradrénaline est perturbée, peuvent apparaître repli sur soi, détachement, démotivation, dépression, baisse de la libido.

La sérotonine : le grand inhibiteur

La sérotonine est synthétisée par certains neurones à partir d’un acide aminé, le tryptophane, qui provient en grande partie des protéines de l’alimentation. Elle joue un rôle majeur dans la coagulation sanguine, la venue du sommeil, la sensibilité aux migraines. Elle est utilisée par le cerveau pour fabriquer une hormone célèbre, la mélatonine.

La sérotonine crée un terrain favorable aux comportements prudents, réfléchis, calmes, voire inhibés. A l’inverse, des taux de sérotonine bas apparaissent associés à l’extroversion, l’impulsivité, l’irritabilité, l’agressivité, voire dans les cas extrêmes aux tendances suicidaires.

Le gaba : le relaxant – la stabilité

Le GABA (acide gamma-aminobutyrique) est synthétisé à partir de l’acide glutamique. C’est le neurotransmetteur le plus répandu dans le cerveau. Le GABA semble impliqué dans certaines étapes de la mémorisation. Le GABA est aussi un neurotransmetteur inhibiteur, c’est-à-dire qu’il freine la transmission des signaux nerveux. Sans lui, les neurones pourraient littéralement s’emballer, transmettre des signaux de plus en plus vite, jusqu’à épuisement du système. Le GABA permet de les maintenir sous contrôle.

Le GABA semble favoriser la relaxation. À l’inverse, des niveaux bas de ce neurotransmetteur entraînent des difficultés d’endormissement et de l’anxiété.