Le stress au travail
Le stress apparaît depuis une quinzaine d’années comme l’un des risques majeurs auquel les organisations et entreprises doivent faire face : un salarié européen sur cinq déclare souffrir de troubles de santé liés au stress au travail.
Les moyens de prévenir le stress au travail existent. La démarche de prévention collective est à privilégier car elle est plus efficace dans le temps. Elle consiste à réduire les sources de stress dans l’entreprise en agissant directement sur l’organisation, les conditions de travail, les relations sociales de travail et/ou le poste de travail.
Quels liens avec le travail ?
Les cas de stress dans l’entreprise sont parfois niés ou attribués uniquement à la fragilité ou à l’inadaptation au poste de certains. Face à des symptômes de stress, il est parfois difficile de démêler la part des facteurs personnels et professionnels en jeu. Mais, sans nier l’existence de facteurs personnels, il est primordial de rechercher le lien possible avec le contexte professionnel (surcharge de travail, objectifs insuffisamment définis, relations difficiles avec la hiérarchie, manque d’autonomie…).
Identifier les facteurs de stress au travail
Nous ne réagissons pas tous de la même façon face à une situation stressante. Notre réaction dépend notamment de la façon dont nous percevons l’enjeu et les ressources à notre disposition pour y faire face. Une même situation, par exemple le fait de travailler sous contraintes temporelles fortes, peut ainsi être perçue différemment selon les salariés et peut également varier dans le temps pour un même salarié (voir le modèle transactionnel de Lazarus et Folkman). Malgré ces différences de perception, certaines caractéristiques des situations de travail sont identifiées comme pouvant générer du stress. On peut regrouper ces caractéristiques en cinq grandes catégories.
Principaux facteurs de stress en milieu professionnel :
- Facteurs liés à la tâche ou liés au contenu même du travail à effectuer
Fortes exigences quantitatives (charge de travail, rendement, pression temporelle, masse d’informations à traiter…)
Fortes exigences qualitatives (précision, qualité, vigilance…)
Difficultés liées à la tâche (monotonie, absence d’autonomie, répétition, fragmentation…)
Risques inhérents à l’exécution même de la tâche (par exemple, erreur médicale fatale du chirurgien) - Facteurs liés à l’organisation du travail
Absence de contrôle sur la répartition et la planification des tâches dans l’entreprise
Imprécision des missions confiées (Qu’attend-on de moi ? Comment dois-je m’y prendre ? Sur quelle base serai-je évalué(e) ?)
Contradiction entre les exigences du poste (Comment faire vite et bien ? Qui dois-je satisfaire : le client ou le respect de quotas ?)
Inadaptation des horaires de travail aux rythmes biologiques, à la vie sociale et familiale
Nouveaux modes d’organisation (flux tendu, polyvalence…)
Instabilité des contrats de travail (contrat précaire, sous-traitance…) - Facteurs liés aux relations de travail
Manque d’aide de la part des collègues et/ou des supérieurs hiérarchiques
Management peu participatif, autoritaire, déficient…
Absence ou faible reconnaissance du travail accompli - Facteurs liés à l’environnement physique et technique
Nuisances physiques au poste de travail (bruit, chaleur, humidité…)
Mauvaise conception des lieux et/ou des postes de travail (manque d’espace, éclairage inadapté…) - Facteurs liés à l’environnement socio-économique de l’entreprise
- Mauvaise santé économique de l’entreprise ou incertitude sur son avenir
Surenchère à la compétitivité sur le plan national ou international
Symptômes du stress au travail au sein de l’entreprise
À l’échelon individuel, les manifestations pathologiques induites par le stress lui-même (et non par ses causes liées au conflit sous-jacent) sont nombreuses et parfois lourdes à supporter:
- perte de moyens : confusion, blanc mental, dispersion, perte de mémoire, de recul, d’initiative, de plaisir ;
- source de conflits et d’incompréhension : perte de confiance en soi et/ou en les autres, victimisation (l’autre est, au mieux, un rébus, sinon un ennemi) ;
- perte du goût de vivre : anxiété, agitation, insatisfaction permanente, impatience, susceptibilité, agressivité, découragement, dépression ;
- source de pathologies : tensions corporelles, spasmes, asthme, allergies, hypertension artérielle et maladies cardiovasculaires, infections, cancers, addictions, boulimie, troubles du sommeil, accidents… ;
- source de dysfonctionnements cérébraux. À l’échelon des entreprises et même de l’ensemble de la société, les conséquences ne sont pas moins désastreuses. L’entreprise, comme la société tout entière, lorsqu’elle est stressée, devient vite anorexique, ce que nombre d’études ont déjà montré :
– limite du potentiel intellectuel et de l’innovation ;
– baisse de la rentabilité, de la productivité ;
– baisse globale de la motivation, jusqu’à la démotivation ;
– augmentation de l’absentéisme ;
– augmentation globale des conflits, de l’anxiété, de l’agressivité et des états individuels dépressifs, des troubles pathologiques divers ;
– baisse globale de la satisfaction des clients ;
– baisse du cours de l’action…
Le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel
En 1980, un psychanalyste américain, Herbert J. Freudenberger, sortait un livre sur un phénomène d’épuisement professionnel qu’il nomma burn-out. Ceci en référence à un « incendie intérieur » : comme pour un immeuble dans lequel le feu aurait pris, il peut laisser les gens vidés intérieurement mais d’apparence intacts…
Un stress permanent au travail
Dans le détail, les victimes de cette maladie professionnelle vont s’épuiser mentalement et physiquement en essayant d’atteindre des objectifs irréalisables ou d’accomplir des tâches insurmontables. Le burn-out semble souvent survenir tout d’un coup, pourtant il est le résultat d’un processus lent, d’une tension continue durant de longs mois ou années jusqu’à l’épuisement.
Burn-out : tous concernés ?
Personne n’est à l’abri de ce syndrome. Et pour cause, la pression est de plus en plus forte, les exigences de plus en plus poussées et le risque de se retrouver sans travail bien réel. Certains aspects de la personnalité peuvent parfois « prédisposer » au burn-out : une plus forte propension à l’anxiété ; une conscience professionnelle trop poussée ; le perfectionnisme ; le désir de plaire ; l’incapacité à déléguer… Certaines professions du milieu médical, de l’enseignement ou du social entre-autres, semblent plus exposées.
Travail : de la fatigue à l’indifférence…
Les symptômes du burn-out sont nombreux. Le premier, et le plus facilement identifiable, est une fatigue continue, accompagnée d’épuisement mental, de déprime, de démotivation… Une baisse de l’estime de soi, un sentiment d’incompétence… mais aussi l’irritabilité ne sont pas à négliger. Attention des troubles psychosomatiques peuvent s’installer (maux de dos, de tête …) et les arrêts de travail se multiplier. Si les choses continuent ainsi, c’est la dépression qui guette…
Reconnaître les signes du burn-out
Comment savoir si vous êtes momentanément fatigué ou si vous souffrez de burn-out ? Plusieurs signes peuvent vous mettre la puce à l’oreille, notamment s’ils sont présents depuis quelque temps :
- Vous vous fatiguez plus facilement et avez souvent des difficultés pour vous lever le matin
- Vous travaillez de plus en plus alors que votre rendement diminue constamment ;
- Vous avez l’impression que vos efforts sont rarement remarqués ;
- Vous avez une attitude plus désabusée ;
- Vous oubliez parfois vos rendez-vous ;
- Vous êtes plus irritable ;
- Vous voyez de moins en moins votre famille et vos amis intimes.
Mais bien sûr ces signes ne sont ni nécessaires, ni suffisants pour déclarer que vous souffrez de burn-out. En fait les manifestations de ce trouble varient grandement d’un individu à l’autre.
Burn-out ou dépression ?
Le burn-out (ou épuisement professionnel) est nécessairement lié au travail. Dans la dépression, le travail n’est pas la cause première, mais peut être un facteur aggravant. De plus, en cas de burn-out, la personne atteinte est toujours en situation de stress chronique, tandis que c’est le cas 1 fois sur 2 pour la dépression. Des différences physiologiques ont aussi été constatées.