La programmation neurolinguistique a modélisé de nombreuses techniques de changement. Leurs usages coordonnés donnent au psychothérapeute à la fois de la précision et de l’efficacité mais offrent également une grande créativité dans la recherche de solutions. L’objectif de ces outils n’est pas de changer l’individu, mais de lui donner plus de choix.
Ces techniques sont conçues pour permettre au patient d’évoluer, de donner le meilleur de lui-même et de se réaliser personnellement. Ce sont, pour la plupart d’entre elles, des façons très naturelles de faire, dont se servent sans le savoir les personnes les plus compétentes et heureuses.
Les deux premiers modèles en Programmation Neuro-Linguistique sont linguistiques : le méta-modèle et du modèle de Milton.
Le « méta-modèle » est le tout premier modèle créé en PNL. Il sert d’une part à mettre en évidence les mécanismes utilisés par le sujet pour transformer son expérience sensorielle en langage, et d’autre part à enrichir la conception du monde du sujet par le questionnement des figures linguistiques spécifiques et de retrouver ainsi les représentations mentales sensorielles initiales qui ont suscité l’expression verbale. Le méta-modèle comporte un ensemble de douze types de questions en corrélation avec différentes formes linguistiques. Les trois catégories du méta-modèle sont : l’omission, la généralisation et la distorsion.
Le « Milton-modèle », est un ensemble de formulations verbales qui sont suffisamment floues et imprécises dans le langage pour que le patient puisse y intégrer sa propre expérience qui permet de ne pas interférer avec le vécu du sujet, celui-ci pouvant projeter sa propre réalité. Pour chaque catégorie du méta-modèle (qui cherche à mettre de la précision dans une explication), le modèle de Milton aura une formulation inverse qui favorise le flou et la généralisation, l’objectif étant de ne pas « heurter » les conceptions de l’autre.
La Programmation Neuro-Linguistique utilise des techniques modélisées par des thérapeutes et issues, de fait, de différentes démarches en psychologie.
Ces techniques reposent sur quatre fondamentaux :
- le recadrage,
- l’ancrage,
- la dissociation
- la synchronisation.
Le recadrage est une occasion présentée par le thérapeute de « considérer une situation d’un autre point de vue » et par là même de donner un autre sens à l’expérience vécue. Le sens de l’expérience étant changé, les réactions seront modifiées tant du point de vue des pensées que de celui du comportement. Le recadrage peut porter sur le contexte, sur le sens ou sur les processus (ce sont les techniques de changement). Les présupposés peuvent aussi être un bon support de recadrage.Deux grandes techniques utilisent ce procédé.
Le « recadrage en six points » d’une part est un protocole pour guider une personne afin qu’elle trouve une alternative plus satisfaisante (une solution) à l’intention positive d’un comportement, d’attitudes ou de convictions. Le processus dit de « négociation des parties » sert à guider une personne qui hésite entre deux attitudes ou deux comportements apparemment inconciliables, donc lui permet de régler des conflits intra-psychiques, en respectant toujours l’intention positive de chaque partie.
L’ancrage est un processus simple et naturel qui consiste à associer un état interne (émotion, ressenti) à un stimulus externe. Le simple fait de redéclencher le stimulus suffit à faire revenir à l’esprit toute l’expérience et son état interne associé. Les « ancres » peuvent être visuelles, auditives, kinesthésiques, olfactives ou gustatives. L’exemple littéraire le plus célèbre d’ancrage est celui, gustatif, décrit par Marcel Proust dans A la recherche du temps perdu.. L’auteur explique comment tous les souvenirs de son enfance reviennent à son esprit alors qu’il déguste une madeleinecomme celles qu’il appréciait étant enfant. Ce mode d’association que notre cerveau connaît pour en faire un processus conscient et très rapide est utilisé dans plusieurs techniques de la Programmation Neuro-Linguistique
La technique dite de la « désactivation d’ancre », est utilisée lorsque le sujet est dans un état émotionnel négatif qui le coupe de ses compétences et ressources. Il s’agit d’identifier un état interne positif qui pourrait contrebalancer et neutraliser le premier.
Le protocole du « changement d’histoire de vie » est un mélange de celui du protocole de « recherche transdérivationnelle » et de celui des « désactivations d’ancres ». Utilisant l’ancrage d’une part, pour retrouver dans notre passé toutes les expériences où a été vécu le même état émotionnel, et la désactivation d’ancre d’autre part, pour changer le vécu d’une suite d’expériences négatives, cette technique permet de changer l’impact négatif d’une chaîne de moments vécus, pour s’orienter vers un état futur plus positif.
La dissociation
La « dissociation simple » est une autre technique issue des grands thérapeutes qui se caractérise par l’état dissocié, c’est-à-dire le fait de s’imaginer sur un écran et de se voir en train d’agir. Il s’agit pour le sujet, dans un contexte précis, de se penser comme étant un observateur de soi-même. Son opposé est l’état associé : la personne voit alors à travers son propre regard, comme s’il y était vraiment. La dissociation simple est le passage de l’état associé à l’état dissocié. Elle est un moyen de séparer une personne de son ressenti car la dissociation coupe le canal kinesthésique. La dissociation simple est notamment utile dans le traitement des traumatismes.
La technique de la « double dissociation » concerne des personnes souhaitant se défaire d’un ressenti très négatif à propos d’une situation réellement vécue, par exemple une phobie. La personne est invitée à se voir en train de se voir revivre son traumatisme comme étant la spectatrice d’une elle-même spectatrice de son propre souvenir.
La synchronisation est une technique qui peut se manifester à deux niveaux, soit verbal, soit non verbal. C’est la manière qu’un individu adopte pour manifester (ou non, c’est la désynchronisation) son accord, ou une certaine confiance dans la relation ou un certain « sentiment de compréhension mutuelle ». La synchronisation des mouvements, par exemple, consiste à mimer les mouvements et attitudes de l’interlocuteur, qui, ainsi, va ressentir une sympathie et un accord. La synchronisation est un témoignage non verbal de l’acceptation de l’un par l’autre. La synchronisation de la parole est similaire. Cet accord concerne tout autant le débit de la parole, la force de la voix et sa hauteur.
Les concepteurs de la Programmation Neuro-Linguistique considèrent que nous nous construisons notre représentation du monde au travers de nos cinq sens et que c’est au travers de ces représentations sensorielles que nous mémorisons nos vécus subjectifs.
Ils ont donc cherché à formaliser des techniques d’explicitation pour observer, questionner et faire prendre conscience au sujet de ses représentations mentales, sans les influencer. Lorsqu’un thérapeute a explicité les particularités sensorielles des représentations mentales qui sont la source des problèmes chez un sujet, il peut le guider au travers de différentes techniques pour modifier celles-ci jusqu’à ce que ce dernier se sente mieux. Les principales techniques issues de cet usage de l’analyse de l’expérience vécue sont :
- les canaux sensoriels
- les stratégies mentales
- les sous-modalités,
- le swish
- la ligne de temps.
Le modèle dit des « canaux sensoriels » (ou VAKOG, acronymes pour : « Visuel, Auditif, Kinesthésique, Olfactif, Gustatif ») a été conçu en partant de la constatation toute simple que depuis notre naissance, et même pendant notre vie intra-utérine, nous percevons le monde qui nous entoure par nos cinq sens… Notre conception du monde, dans notre cerveau, notre représentation du monde, est également construite avec ces mêmes composantes sensorielles. Que ce soit nos souvenirs, ou nos mondes imaginaires, nos rêves, toute représentation dans notre cerveau est « câblée » avec des composantes sensorielles. Le terme VAKOG est simplement un acronyme des cinq sens : Visuel, Auditif, Kinesthésique, Olfactif, et Gustatif. Les trois premiers sont les principaux sens, qui nous caractérisent plus facilement, et qui constituent l’essentiel de nos représentations mentales. Par convention, la PNL inclue dans Kinesthésique tout ce qui n’est pas ressenti par les quatre autres sens, ainsi le fait de toucher, de ressentir de l’humidité, de la chaleur, de la douleur. Et si à chaque sens nous pouvons associer un organe de notre corps (l’œil pour la vision, les oreilles pour l’auditif, le nez pour l’olfactif et la langue pour le gustatif), alors le sens Kinesthésique a pour organe l’ensemble « de tout le reste du corps ».
Dans la pratique de la PNL le modèle VAKOG est constamment présent et il est utilisé dans de nombreux protocoles notamment par des questionnements sur le ressenti (Qu’est-ce que vous voyez ? entendez ? ressentez ? Où se situe cette douleur ? etc.).
Plusieurs éléments verbaux ou non verbaux sont indicatifs de processus visuels, auditifs ou kinesthésiques : les prédicats : c’est usage de mots typiquement visuels (je vois que..), auditifs (j’entends bien que …) ou kinesthésiques (je sens que …), accès oculaires, type de respiration, tonalité et tempo de la voix résultent de ces processus visuels, auditifs ou kinesthésiques. Leur observation permet d’en déduire l’opération sensorielle réalisée par le sujet.
Les stratégies mentales : Une stratégie est un plan détaillé pour atteindre un but. Pour la PNL, une stratégie signifie les étapes d’un processus mental ou comportemental qui utilisent l’un des 5 sens et conduisent à un résultat.
Une stratégie intervient au niveau logique des capacités. C’est une réponse à la question : « Comment spécifiquement savez-vous que vous êtes capable de faire cela ? » Une stratégie concerne les cartes mentales utilisées par une personne pour organiser les activités qui mènent à un résultat dans son environnement.
Il existe des classes de stratégies en fonction de leurs objectifs : Stratégie de Mémorisation avec les opérations mentales spécifiques pour stocker et retrouver l’information reçue de son environnement externe ou construit par ses processus internes ; Stratégie de Décision avec les séquences cognitives utilisées pour faire des choix ou s’engager dans une série d’actions ; Stratégie d’Apprentissage avec les séquences cognitives utilisées pour développer ou acquérir de nouveaux modes de pensée ou capacités comportementales ; Stratégies de Créativité avec les séquences mentales à partir desquelles une personne génère de nouvelles possibilités et idées, en accord avec une situation, une activité ; Stratégie de Motivation avec les séquences cognitives pour trouver l’inspiration ou l’envie de faire toutes les choses nécessaires à l’obtention de ce qui est désiré ; Stratégies de Réalité avec les séquences de tests cognitifs et de critères qu’une personne utilise pour évaluer si une expérience ou un événement est « réel », distinct du phantasme ; Stratégie de Conviction (de croyance) avec les étapes mentales pour être convaincu de la validité d’une expérience ou d’une proposition.
Les stratégies fondamentales peuvent se combiner de nombreuses façons pour produire d’autres stratégies de niveau logique plus élevé : par exemple des stratégies de guérison, négociation, leadership…
Les « sous-modalités » : sont les caractéristiques plus précises de chaque mode sensoriel. Dans un registre sensoriel donné, visuel, auditif, ou kinesthésique, la sous-modalité spécifie de façon précise les caractéristiques de la modalité sensorielle. Nos représentations internes sont composées de modalités sensorielles : images (V), sons (A) et sensations (K), qui ont des caractéristiques spécifiques ou sous modalités. Les sous modalités sont donc des composantes descriptives des modalités sensorielles VAKOG et les plus petites données de l’expérience subjective. Par exemple, une image peut être décrite par sa forme, couleur, distance, luminosité, position dans l’espace…etc. Un son peut être décrit par un volume, une source, une tonalité, un rythme, un tempo…etc. Une sensation peut être décrite par sa localisation, son étendue, sa pression, sa température…etc. Les sous modalités sont les paramètres qui structurent la représentation interne d’une expérience. Elles ont un impact important sur l’intensité de notre expérience subjective. C’est grâce aux sous modalités que le cerveau établit des distinctions entre une expérience agréable et une expérience désagréable. En modifiant un ou plusieurs paramètres d’une représentation, on peut ainsi changer l’intensité ou la signification d’une expérience. Les sous modalités sont les cadrans de contrôle de notre tableau de bord neuro sensoriel.
Le Swish visuel est une technique pour orienter le cerveau vers une représentation des changements voulus. Le mot « swish » signifie « mouvement rapide » et provient du son que font deux trains qui se croisent à grande vitesse. Il consiste à faire en sorte de croiser une image mentale négative aux effets invalidants avec une image mentale positive et stimulante. Il est utile pour créer de la motivation à faire quelque chose ou pour modifier des comportements « compulsifs » indésirables. Il consiste à rediriger l’énergie d’une « compulsion négative » vers une « compulsion positive ».
Le modèle dit de « la ligne du temps », également dérivé de la technique des sous-modalités. Il permet de faire réaliser au sujet qu’il se représente le temps de manière sensorielle et que les sous-modalités sont un outil efficace pour modifier l’impact de son vécu affectif dans ses expériences passées.
Les niveaux logiques : Le modèle des niveaux logiques de Robert Dilts comporte six niveaux qui sont tous formalisables au moyen de questions. Ce modèle permet de faire, dans une situation donnée, des distinctions entre des informations qui sont à des niveaux logiques différents. Cela sert à ne pas faire de confusion de niveaux logiques, par exemple de ne plus dire « Il ne fait rien donc c’est un fainéant », car ne rien faire est simplement un comportement alors que le qualifier de « fainéant » est un commentaire sur l’identité. Celle-ci n’est pas définie par les comportements dans un contexte donné.
Le fait de s’interroger sur tous les différents niveaux développe une vue plus globale d’un problème. Lorsqu’une situation problématique est analysée, ce modèle invite à cerner le ou les niveaux où se situe le problème. Pour le résoudre, une solution au niveau supérieur est nécessaire car il y a bien une hiérarchie entre ces niveaux. Par exemple, si quelqu’un n’a pas confiance en lui, en sa réussite, le problème se situe au niveau de ses croyances. Ce n’est pas en intervenant au niveau des comportements qu’il réussira. Il peut, d’une manière plus pertinente, se recentrer sur le sens de sa réussite dans sa vie (niveau identité).